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Les pour et les contre de la vie en France selon les Suisses de l’étranger

des bateaux dans un port
Le port de Nice est synonyme de douceur de vivre à la française, entre terrasses ensoleillées et marchés animés. EPA / SEBASTIEN NOGIER

Les Suisses l’apprécient pour sa douceur de vivre et le coût de la vie qui y est plus bas. Mais ils et elles déplorent également les incivilités et les impôts qui y sont élevés. Voici cinq avantages et cinq inconvénients à la vie dans l’Hexagone selon les expatriés.

Avec plus de 212’000 ressortissantes et ressortissants, la France recèle la plus grande communauté helvétique au monde. La langue et la culture communes à une partie de la Suisse n’y sont sans doute pas étrangères.

Toutefois, d’autres arguments font du pays une terre d’accueil appréciée de la diaspora.

LES AVANTAGES

1. Coût de la vie

Le premier avantage cité est celui du coût de la vie, bien moins élevé dans la plupart des régions françaises qu’en Suisse, à l’exception de quelques grandes métropoles, de la côte d’Azur ou de certaines zones frontalières.

«Évidemment, le prix de la vie courante est nettement inférieur», déclare Denise dans notre débat sur les pour et les contre de la vie en France en tant que Suisse de l’étranger. «Je n’aurais jamais pu suivre financièrement en Suisse», commente une autre lectrice, qui ne retrouvait pas d’emploi en Suisse à l’aube de la soixantaine.

Si cette dernière n’est pas encore retraitée, de nombreuses personnes en âge de l’être s’expatrient, de gré ou de force, car leur rente ne suffit pas pour faire face à la cherté de la vie en Suisse. «Avec le versement de ma retraite suisse et celle de mon épouse, je n’ai pas trop de souci financier, bien qu’il faille quand même compter», dit Pascal E..

Ce que confirme Elke Chapuisod: «Le coût de la vie est plus bas qu’en Suisse, mais la différence tend à s’estomper sur certains produits avec l’inflation». Depuis 2022 et le début de l’invasion russe en Ukraine, le pays connaît en effet une inflation annuelle de +4%Lien externe en moyenne, contre +2%Lien externe en moyenne en Suisse.

Au-delà de la vie courante, vivre en France permet à beaucoup de Suisses d’accéder à la propriété, à l’instar de Yolande Coutret, une retraitée vivant seule: «J’ai pu m’acheter une petite maison de plain-pied avec jardin, ce qui m’était impossible en Suisse».

«Le prix des assurances de biens et de personnes est aussi avantageux», ajoute Denise.

2. Douceur de vivre

Le cliché (qui n’en est peut-être finalement pas un) de la douceur de vivre à la française remporte également beaucoup de suffrages auprès des Suisses de France.

«En France, le savoir-vivre a pris une toute nouvelle signification pour nous: les bons restaurants, les achats à l’épicerie ou au marché… et les gens font aussi attention à leur apparence», se réjouit N. Frei. Ce que confirme une lectrice d’origine zurichoise: «Dans le Sud-Ouest, la vie coule doucement, pas de stress».

3. Vie sociale

Cette douceur de vivre va de pair avec une vie sociale considérée comme agréable par beaucoup.

Pour l’une de nos lectrices, «les gens prennent ici le temps d’un repas pour discuter et refaire le monde, toujours dans la convivialité», et «les gens sont plus spontanés qu’en Suisse», ajoute Yolande Coutret.

Plusieurs personnes témoignent également d’un bon accueil. «Mon épouse et moi nous sommes investis dans différentes activités du village et avons été très bien accueillis», déclare Pascal E. Nicole Hering dit également avoir été «bien reçue en Alsace et bien traitée en tant qu’étrangère».

Cela n’empêche pas quelques petites moqueries à l’occasion. «Ma pointe d’accent et les mots suisses que j’emploie font bien rire ma collègue», dit Nancy, qui vit à Verdun.

4. Climat

Le climat est cité à de nombreuses reprises parmi les aspects positifs de la vie en France. Olivier Ricol dit ainsi apprécier la vie en Provence, notamment «pour l’aspect climatique».

Même son de cloche chez un autre lecteur, pour qui «l’amabilité du climat est un élément favorable qui compte beaucoup et façonne aussi un environnement naturel encore largement plaisant».

5. Couverture médicale

L’un des avantages non négligeables aux yeux de notre lectorat est le système d’assurance maladie qu’est la Sécurité sociale.

«Les soins m’ont été octroyés gratuitement, sans franchise ni limite. Même mes dents ont été refaites à neuf. Je n’aurais jamais eu les moyens de les soigner en Suisse», s’enthousiasme Denise.

Pascal E. abonde dans le même sens: «Je suis pris en charge à 100% pour mon diabète et mes appareils auditifs. Je bénéficie d’un suivi médical plus régulier et approfondi qu’en Suisse».

Un engouement que N. Frei relativise quelque peu: «Le point positif est que l’on obtient un rendez-vous assez rapidement et qu’il peut être pris en ligne, mais les médecins sont encore considérés comme des dieux en blouse blanche. La communication est à sens unique, le médecin sait ce qui est bon, point final.»

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LES INCONVENIENTS

La vie en France ne peut pas toujours être synonyme de la vie en rose. Et certains aspects négatifs viennent aussi la gâcher un peu, selon les témoignages des Suisses qui pratiquent le pays au quotidien.

1. Incivilités / insécurité

Parmi les principaux points noirs, les Helvètes citent les incivilités et l’insécurité.

«On discute dix minutes à côté de son véhicule en laissant le moteur tourner, les déchets ne sont pas amenés comme ils le devraient à la déchetterie…», désapprouve Elke Chapuisod. Notre lecteur Dorier ajoute à la liste le manque de respect en voiture ou les poubelles non triées – des incivilités qui coûtent plusieurs milliards d’euros par an aux collectivités, et donc aux contribuables.

Olivier Ricol «regrette un peu la vie en Suisse, avec plus de sécurité et moins d’incivilités». La retraitée Yolande Courtet dit marcher beaucoup avec son chien mais ne se sentir «pas du tout rassurée ici, alors qu’en Suisse, je n’avais aucune peur de marcher seule».

Depuis plusieurs années, le sentiment d’insécuritéLien externe augmente au sein de la population française. En 2023, 21% déclaraient ne pas se sentir sereins dans leur village ou leur quartier.

2. Impôts

Les impôts sont aussi décriés par la diaspora. «Un gros point noir, selon Denise, mais cela s’améliore il me semble».

Au-delà des impôts courants, c’est la question de l’héritage qui inquiète Joseph: «Je commence à prendre de l’âge et ce qui m’inquiète le plus, c’est comment vont être imposés mes biens lors de ma succession». L’un de nos lecteurs qualifie l’absence de convention entre la Suisse et la France de «gros problème». En effet, depuis 2015, plus aucun accord ne réglemente les successions entre les deux pays, ce qui peut conduire à des doubles impositions.

3. Système politique

Pour nombre d’Helvètes, difficile également de passer de la démocratie semi-directe suisse à un système très pyramidal à la française.

«Le peuple français élit des personnes qui ont ensuite tout pouvoir. Il n’est pas questionné sur ses désirs et subit les décisions prises par les personnes élues. C’est triste et révoltant», s’indigne Nicole Hering. Elle est rejointe dans son analyse par Elke Chapuisod, qui dit comprendre pourquoi les Français râlent et manifestent, car «à part aux élections municipales et présidentielles, ils ne sont pas consultés démocratiquement».

4. Bureaucratie

Le système politique influe également sur les structures administratives, que beaucoup considèrent comme lourdes. Les administrations ne sont «pas réactives et molles», dit Nancy.

Noel F., père de jeunes enfants, considère en outre que les règles de la vie en collectivité manquent de flexibilité, notamment en matière de scolarité: «la scolarité obligatoire à partir de 3 ans est très précoce. En plus, l’école est liée au lieu de vie, que l’on n’a pas forcément dès le départ. Mais ensuite on ne peut quand même plus en changer».

Plusieurs Suisses mettent tout de même en avant la gratuité dans l’obtention de tous les documents administratifs et officiels.

5. Manque de rigueur

Un dernier point semble agacer parfois nos lectrices et lecteurs: il s’agit de la notion de rigueur, que l’on pourrait qualifier de plus «latine» en France.

Ainsi, Nancy s’agace du manque de ponctualité et du «laisser-faire». Elke Chapuisod trouve qu’il y a moins de professionnalisme qu’en Suisse et Nicole Hering déplore les nombreuses grèves «qui empoisonnent la vie de nombreuses personnes».

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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